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Anne-Elisabeth Legrand
 
 
 
Anne-Elisabeth Legrand
Directrice


 
 
Se financer malgré un bilan dégradé : 4 pistes possibles


Les entreprises françaises sont touchées de plein fouet par la crise économique et sanitaire : on enregistre une baisse du PIB national de 12% en novembre selon la Banque de France. L’Etat a mis en place plusieurs mesures d’accompagnement et de soutien aux entreprises françaises avec, notamment, le prêt garanti par l’Etat. Cette mesure permet à l’entreprise qui y souscrit, de recevoir un apport supplémentaire de liquidités sous la forme d’un emprunt qui vient alourdir le poids de sa dette financière mais qui vient compenser une partie de la perte économique liée à l’arrêt de l’activité.
En septembre dernier, on recensait plus de 581 000 entreprises ayant bénéficié du PGE soit 120 milliards d’euros de PGE accordés par les établissements de crédit, dont 13,5 milliards pour 1 076 ETI et 91,5 milliards pour des TPE et PME.
A la clôture des comptes, les entreprises vont publier des bilans qui feront état d’une situation fortement dégradée et présenteront des états financiers déséquilibrés par des pertes d’exploitation importantes et un endettement financier accru.
Dans cette situation, comment continuer à financer l’exploitation ? Comment les établissements de crédit et les assureurs-crédit vont-ils réagir face à cette dégradation de la situation financière des entreprises ? Cela d’autant plus spécifiquement, quand la situation financière du débiteur est au cœur même du dispositif d’emprunt et peut constituer un cas de défaut en étant susceptible d’entrainer des cas d’exigibilité ou de remboursement anticipé des lignes accordées.

L’enjeu identifié pour les entreprises concernées est de se parer contre une réduction des lignes et/ou une exigibilité anticipée du remboursement des lignes souscrites auprès des établissements de crédit, à l’instar de celles délivrées par les assureurs-crédit.

Nous avons identifié quatre leviers d’actions à mettre en œuvre pour répondre à cet enjeu :
- Une communication préparée et renforcée en amont,
- Un renforcement du financement par des lignes revolving,
- Un développement des plateformes accélérant et sécurisant le crédit inter-entreprises,
- Des prévisions des flux de trésorerie à plus court terme.

1- Une préparation en amont de la communication avec les établissements concernés

Le fait de communiquer à votre banquier, en amont, l’état de votre situation financière sera gage de votre bonne foi et démontrera que vous êtes pro-actifs dans les actions à entreprendre pour la remédiation et le pilotage de la situation. Vous assimilez le prêteur ou l’assureur-crédit à un réel partenaire financier et l’associez dans votre démarche par une communication totalement transparente et renforcée.
La première étape de cette préparation consiste en la revue de tous les contrats financiers (lignes bilatérales ou lignes bancaires) qui contiennent des clauses liées à un ratio de rentabilité (CA/EBITDA) ou de solvabilité (MAC), covenants, triggers etc…
L’objectif est de recenser toutes les clauses susceptibles d’être affectées par la dégradation de la situation financière de l’entreprise. Afin d’assurer une exhaustivité de la revue, ce travail est à faire en binôme équipe Juridique / équipe Finance.
Une fois toutes les clauses et cas identifiés, il convient de préparer, sous la supervision de la Direction Juridique et/ou du conseil adéquat, des propositions de waiver ou des mécanismes qui atténuent la mise en œuvre de la sanction liée au cas de défaut pour les présenter aux prêteurs et engager des négociations. Cette initiative de remédiation devra être accompagnée d’une transmission régulière d’une information formalisée de l’état d’avancement de la situation ; ceci afin de rassurer et sécuriser l’établissement prêteur.
Cette communication pro-active et renforcée doit également être faite à l’attention des assureurs-crédit qui délivrent leur ligne sur la base des états financiers disponibles, quand bien même le dispositif de Cap Relais (solution de réassurance publique à destination des PME et ETI) pourrait être prolongé au-delà du 31 décembre 2020. Il est donc indispensable d’avoir une donnée financière pertinente, collectée et traitée rapidement par les équipes financières pour qu’elles puissent la transformer en données communicables aux établissements concernés.

2- Renforcement des lignes revolving

Les solutions de financement assises sur des actifs prennent encore plus de sens dans le contexte de crise des liquidités et de l’incertitude du lendemain.
Les factors, notamment, jouent pleinement leur rôle de partenaire financier en proposant des lignes de financement accordées à due concurrence du montant des créances cédées l’entreprise (montant minoré des garanties et frais) et s’adaptent parfaitement aux fluctuations du cycle d’exploitation.
L’efficacité du dispositif est renforcée par la mise en œuvre du financement des commandes garanties par l’Etat : ce mécanisme permet d’apporter un financement en amont de la production, entre la prise de commande et l’émission de la facture (pouvant représenter jusqu’à 180 + 60 jours de trésorerie). La garantie par l’état intervient pour couvrir le risque, particulièrement fort, de non-réalisation de la prestation par le titulaire du financement et cesse dès que la commande se transforme en facture.

Il y a d’autres mécanismes plus innovants comme les solutions de financement assises sur d’autres actifs que des actifs circulants comme l’ « asset based lending » ou encore sur des prêts avec nantissement sur les brevets, les marques, les immeubles, les machines… Mais il faut rester vigilant à ne pas nantir des actifs sur lesquels l’entreprise opère et qui, en cas de réalisation de la sûreté, empêcheraient la poursuite de l’activité de l’entreprise.

3- Développer des plateformes accélérant et sécurisant le crédit inter-entreprises

Le crédit inter-entreprises représente aujourd’hui 700 milliards d’euros. Pour mémoire, il s’agit de la somme des crédits que les entreprises s'accordent entre elles afin de se donner des délais de paiement fournisseurs et des délais de paiement clients.
En réduisant les délais de paiement, comme par exemple en passant les délais de paiement à 45 jours, l’on réduit de façon mécanique l’encours de crédit inter-entreprises de 15 jours et donc de 25% le montant de crédit inter-entreprises qui contribuera à raccourcir la période d’incertitudes liée au non-paiement.
Le raccourcissement des délais de paiement est également lié à la digitalisation et aux solutions technologiques qui permettent d’optimiser le cycle Order to Cash et Procure to Pay. Ce processus a été renforcé par la crise sanitaire qui a pour « vertu » d’accélérer la prise de conscience des entreprises concernant les atouts de la digitalisation.
Avec un portail, tous les acteurs du cycle disposent d’un accès à l’information et d’un moyen de communication transverse, en interne et en externe, qui facilite la prise de décision, la résolution des litiges et le traitement des paiements.

4- Raccourcir le délai des prévisions de flux de trésorerie à 13 semaines

L’objectif de la prévision de trésorerie est d’identifier au plus tôt les besoins de trésorerie à court terme et recenser toutes les ressources possibles pour répondre aux besoins identifiés dans les prévisions. Le tableau de flux de trésorerie permet la mise en évidence des variations de la trésorerie et d’analyser les causes de variation des flux liés à l’activité, à l’investissement et ceux liés au financement. Elle permet de dimensionner les besoins en financement.
La prévision de trésorerie à court terme repose sur la méthode directe d’analyse des flux d’encaissements et de décaissements sur un horizon de 13 semaines (1 semaine de réel et 13 semaines de prévisions). L’utilisation de ce suivi des flux de trésorerie permet de respecter les 3 règles d’or en matière de gestion de trésorerie : « Cash is king », « anticipation et communication » et « responsabilisation » et répond ainsi de façon efficace à rassurer les organismes financiers par une communication renforcée des actions décidées pour la remédiation des bris des covenants ou waivers.

L’équipe Order to Cash de Transformation Finance du Conseil Opérationnel Grant Thornton est là pour vous accompagner dans la mise en œuvre et la coordination des quatre leviers identifiés. Nos experts interviennent également aux côtés de vos équipes opérationnelles pour la définition et la mise en œuvre de vos projets d’optimisation du cycle Order to Cash. Notamment sur les projets de dématérialisation, d’optimisation des process et de pilotage, du suivi de la performance du cash et de vos solutions de financement à court terme, notamment complexes.

 

 
 
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